Dans un contexte de crise, le monastère de Terre Sainte accueille son premier camp d’été

Chaque jour, à Mina, près de Tripoli, des cloches égrènent lentement les heures les unes après les autres. A l’heure de l’Angélus, elles s’affolent et font raisonner dans tout le quartier un air d’Ave Maria.

 

C’est du monastère de Terre Sainte que provient ce pieux carillon. Ici vit le Père Quirico, un moine franciscain italien, installé au Liban depuis de nombreuses années. Ancien directeur d’école à Nazareth pendant 40 ans, il a à cœur d’ouvrir, encore aujourd’hui, chaque été, les portes de son monastère aux enfants de Mina.

 

Pour la première fois cette année, les volontaires de SOS Chrétiens d’Orient, présents à Mina, vont aider le Père Quirico dans l’organisation de la colonie.

Destinée à une trentaine d’enfant de 5 à 12 ans, celle-ci se déroule durant le mois de juillet, 5 demi-journées par semaine.

 

Cela a nécessité une longue préparation pour mettre en place une grande variété d’activités mais aussi pour aménager les lieux mis à notre disposition. En effet le monastère est vaste mais certaines salles sont vétustes et il a donc fallu leur donner un coup de neuf.

 

Nous avons entrepris de restaurer l’une des pièces qui nous est apparue la plus adaptée : vaste et lumineuse, elle servira à toutes sortes d’activité comme de la gymnastique ou du chant : sa hauteur de plafond donne l’acoustique idéale pour faire résonner les claires voies d’enfant. Ils auront aussi l’occasion, au cours des prochaines semaines, d’y réaliser une grande fresque sur les murs, au gré de leur imagination débordante !

 

Pendant plusieurs semaines nous avons donc sonné au portail du monastère, armés de notre papier de verre, nos spatules et nos pinceaux. Nous défilons sous la tonnelle recouverte de vigne, celle-ci procurant une douce fraîcheur à nous faire frissonner. Nous traversons ensuite la grande cour du monastère, cernée sur la droite par une grande galerie ouverte sur l’extérieur par une série d’arcades et de colonnes. De toutes parts trônent de majestueux lauriers roses et blancs. Nous grimpons quatre à quatre les marches de l’escalier extérieur qui mène à la salle, située au premier étage d’une aile du monastère.

Nous décapons les murs puis repeignons. Juchés sur nos échelles, nous passons de longues heures à faire tomber la vieille peinture puis à poncer pour obtenir un mur le plus lisse possible avant de le revêtir de peinture blanche.

 

Une fois que l’intérieur est terminé, nous passons aux espaces verts entourant le monastère et qui réclament nettoyage et désherbage. Les bananiers, pommiers et figuiers méritent également d’être taillés. Nous nous mettons donc à l’ouvrage, imaginant déjà nos petits sportifs courir en tous sens dans le parc.

 

Le 28 juin, tout est fin prêt pour accueillir les rires des enfants, dont la plupart sont issus de familles défavorisées de Mina. Durant presque l’année entière, ils ont vu la porte de leur école rester close et ont été privé de cours en classe, de leurs professeurs, de jeux et de secrets dans les cours de récréation.

 

Ce camp d’été leur donne la possibilité de réaliser une foule d’activités qui leur sont désormais interdites, par manque de moyens financiers des écoles ou des familles.

 

Nous commençons par une prière pour confier la journée à la Vierge Marie et du même coup leur apprendre le « je vous salue Marie » en français. Puis nous faisons la connaissance de chacun d’eux.

 

Plusieurs sont enfants de pêcheurs comme Michael, Tony ou la petite Maria, âgée de 5 ans, qui vit avec ses parents et ses deux grandes sœurs dans une seule pièce, sombre et insalubre… Basil et Charbel sont deux frères de 11 ans, ils ont laissé leur 3ème frère, André, à la maison car ce dernier a de graves problèmes pulmonaires et leur mère craint pour sa santé en pleine épidémie de coronavirus. Si André était infecté, elle n’aurait jamais les moyens de le faire soigner, d’autant qu’elle assume seule les charges de la famille. Eux aussi vivent dans une maison dénuée de tout confort. Le frigidaire est en panne depuis des mois et Mona doit faire toutes les lessives elle-même à la main car elle n’a pas de machine à laver. Ces petits triplets pleins d’énergie sont restés enfermés à la maison pendant des mois par crainte d’une contamination. Pour suivre les cours en ligne, ni wifi ni ordinateur…

 

Face à ce genre de situation, nous avons décidé d’alterner des activités sportives, ludiques et éducatives.

Nous proposons aux enfants trois cours de français par semaine. La tâche n’est pas simple car il nous faut évaluer les niveaux et nous constatons vite de grands écarts. Certains parlent déjà presque couramment tandis que d’autres ne comprennent pas un mot !

 

Heureusement, nous sommes aidés de notre jeune voisin et ami, Gaby, qui a généreusement accepté de donner de son temps en passant toutes ses matinées avec nous à Terre Sainte. Il traduit en arabe lorsque nous avons des difficultés à nous faire comprendre.

Cela est bien utile aussi lorsque nous lançons différents jeux, classiques en France mais inconnus de nos petits Libanais : le jeu du béret, la balle au prisonnier, ou encore le relais, le jeu des policiers et des voleurs… Mais ce que les garçons préfèrent, c’est bien sûr le football ou le basket !

 

Nous souhaitons aussi révéler leurs petites âmes d’artistes. C’est pourquoi les enfants ont la possibilité d’apprendre la danse et le chant.

Mais ce sont les activités de bricolage qui ont le plus de succès : de l’enfilage de perle à la peinture, en passant par le dessin, la confection de masques, les enfants ont de quoi développer leur imagination… A la fin du camp, leurs parents pourront s’émerveiller (tout comme les volontaires) devant leurs petites œuvres d’art enfantines et se laisser charmer par les mélodies aux saveurs françaises que nous leur auront apprises !

 

Dans l’atmosphère d’inquiétude qui étouffe la vie des adultes et fait vaciller sérieusement leur espérance, peut-être parviendrons-nous, grâce aux enfants, à ramener un peu de joie, d’espoir et de beauté dans les yeux des habitants de Mina.

Aidez-nous à financer ce camp d’été. Redonnez le sourire aux enfants de Tripoli.

Diane, volontaire au Liban.