Indispensables plus qu’irremplaçables pour les chrétiens d’Egypte.

Alors que le sol égyptien se rapproche doucement et que l’avion survole les premières banlieues du Caire, je tente d’imaginer à quoi va ressembler ma mission de 4 mois avec SOS Chrétiens d’Orient. Mes amis revenus de leur expérience m’ont raconté leurs impressions et c’est leur enthousiasme qui a achevé de me convaincre de partir.

 

Mais les photos et les récits ne suffisent pas pour se faire une idée précise d’une expérience comme celle-là. C’est donc avec un mélange d’excitation et d’appréhension que je descends de l’avion pour retrouver l’interprète envoyé par l’association qui doit me conduire à l’appartement de la mission.

 

Il est 19h, la chaleur est étouffante en ce début octobre et le soleil embrase le ciel embrumé de pollution. Le trajet jusqu’à l’appartement me plonge directement dans cette ambiance propre à l’Orient : trafic dense, cohue, bruits de klaxon ininterrompus, odeurs de friture et d’essence.

 

Après quelques jours passés à la mission du Caire, je suis envoyée à Alexandrie pour toute la durée de mon séjour. 

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Au fil des semaines, les activités, les lieux, l’ambiance deviennent familiers. La routine ne s’installe pas pour autant car nous apprenons à connaître chaque jour plus profondément les personnes que nous côtoyons au quotidien.

 

Petit à petit une réalité s’impose à moi : ici en Égypte, nous ne sommes pas irremplaçables auprès des chrétiens mais nous sommes réellement indispensables. Nous leur apportons une présence ! Donner de son temps, tout un chacun peut le faire, il suffit d’y mettre de la bonne volonté. Encore faut-il sauter le pas et choisir de tout quitter pour un temps et de s’engager pour de bon : une décision justement prise par les volontaires présents sur place. Chacun part pour une raison personnelle et différente mais tous, ils font le choix de rencontrer les populations chrétiennes et de leur apporter leur aide, aussi petite soit-elle.

 

C’est en réalisant cela que ma mission prend alors tout son sens.

Ce qui nous parait simplement du temps donné est en réalité bien plus pour les personnes handicapées et âgées ou les enfants que nous visitons. C’est leur quotidien que nous embellissons et leur solitude que nous comblons.

 

Cette affirmation peut paraître bien prétentieuse et pourtant c’est réellement ce que nous retenons des discussions que nous avons avec eux.

 

Que ce soit Thérèse, Antoinette ou Paulette, trois femmes de « l’Asile International des Vieillards » qui parlent français et que nous visitons une fois par semaine : elles se confient invariablement sur leur solitude d’autant plus flagrante qu’elle contraste avec une vie dans laquelle elles étaient entourées de famille et d’amis.

 

Au contact de ces femmes s’illustre parfaitement ce sentiment de simple présence : que de fois me suis-je juste assise avec Antoinette, en silence, la tête sur son épaule. Silencieuse conversation interrompue par une berceuse qu’elle chante en arabe puis en français ou par un souvenir au sujet de son frère prêtre au Liban qui lui revient en mémoire.

Chez Docteur Jeannette, pharmacienne catholique à la retraite qui a recueilli une dizaine de femmes handicapées, c’est comme un passage à la maison : le thé fume dans les tasses, on danse, on joue, on goûte aux plats traditionnels, on chante et on rit. Malgré la barrière de la langue, de véritables liens se créent en fonction des affinités des uns et des autres.

 

La façon dont Fahima me serre dans ses bras lors de mon dernier jour prouve que les grandes conversations ne sont pas le seul moyen de s’attacher réellement à ces chrétiens qui ont presque tout perdu. Annie, Héba, Merwat, Sosso, Amal, Mariem, Fahima et Engie ont trouvé à « La Maison de l’Espérance » le foyer que leur famille ne pouvait pas leur offrir et en Docteur Jeannette une mère pour prendre soin d’elles. Notre présence à leur côté deux fois par semaine n’est pas pour autant superflue.

 

Elles guettent notre arrivée depuis la fenêtre donnant sur la rue et nous entendons leurs cris de joie dès que la sonnette retentit. Si demain nous ne passons la matinée ou l’après-midi avec elles, personne ne le fera et c’est pour cela que nous sommes réellement indispensables, parce que personne ne prendra le relais.

Les mots de sœur Emmanuelle, « la chiffonnière du Caire », expriment mieux que moi ce sentiment si souvent ressenti au contact de ces chrétiens d’Égypte : « Chacun peut trouver, en changeant d’activité, un terrain où exercer ce qu’il a de meilleur en lui, c’est-à-dire la capacité de s’intéresser aux autres et de leur venir en aide. Quel que soit l’endroit où l’on se trouve, on rencontrera des personnes qui ont besoin d’un sourire, d’une visite, de quelqu’un qui les écoute. »

 

C’est bien cela que je retiendrai de ces quatre mois passés à Alexandrie : il n’y a pas de petit sourire ou de petite visite car comment pouvons-nous juger et apprécier à sa juste valeur ce que ressentent réellement ces chrétiens ?

 

À leur contact, j’ai réalisé plus d’une fois « qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » et que même si notre action, notre présence, notre aide nous paraissent dérisoires, nous ne pourrons jamais en sonder réellement la profondeur. Et tant mieux ! Car cela nous pousse au quotidien à faire de notre mieux pour apporter notre soutien, même si ce n’est que pour quelques semaines ou quelques mois.

Marguerite, volontaire en Egypte.

Votre responsable de pôle

Iseult Béchaux

Responsable des volontaires

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