Quand les personnes handicapées de Zeitoun nous apprennent à aimer !

En Egypte, le handicap était, jusque très récemment, vu comme une malédiction. Considérés comme des bêtes, les handicapés mentaux et physiques étaient cachés dans des étables ou attachés à leurs lits. Dans certains lieux, comme la garderie de Zeitoun au Caire, ces personnes sont prises en charge par des auxiliaires de vie qui tentent par tous les moyens de leur redonner la dignité qu’elles méritent et de changer le regard de la société sur ces enfants de Dieu.

 

 

Tous les mardis, les volontaires se joignent aux auxiliaires pour animer des activités pour la vingtaine d’enfants âgés de 5 à 18 ans. Des instants hors du temps où un sourire peut briser des incompréhensions et des barrières et changer à jamais une perception faussée de la réalité ! Derrière leurs murs se cache une simplicité, une joie naturelle, un reflet de l’amour du Christ.

« C’est par ses blessures que vous avez été guéris ».

 

 

Cette citation de la 1ère lettre de Saint Pierre Apôtre correspond selon moi parfaitement à ce que m’apportent ces temps passés à m’occuper des enfants handicapés de la garderie de Zeitoun. La société considère souvent le handicap comme une forme d’anormalité et de poids pour la collectivité. Mais en passant du temps à leurs côtés, je me suis réellement rendu compte du trésor que les handicapés représentent dans une société individualiste et matérialiste. Je souhaite donc vous faire part de mon expérience.

 

Lorsque je me suis rendu pour la première fois à l’école de Zeitoun, je dois reconnaître ne m’être ni senti à l’aise, ni à ma place. Je connaissais l’école de Zeitoun pour y avoir déjà donné des cours de français à de jeunes écoliers. Cependant j’ignorais l’existence d’une aile dédiée aux enfants handicapés. J’ai donc découvert cette petite cour de récréation cachée derrière l’imposante école Notre-Dame de Zeitoun, située à quelques dizaines de mètres du lieu des apparitions mariales qui se sont succédées entre 1968 et 1971.

 

Dans cette cour largement remplie d’espace de jeux colorés, de balançoires jaunes et bleus, de toboggans, de tourniquets ou encore de balançoires à bascule, je me mets immédiatement à l’ouvrage. Un coup je pousse un enfant sur une balançoire, puis je m’occupe d’une fille ne trouvant pas de partenaire pour jouer au cheval à bascule et enfin je sépare deux garçons se bagarrant.

Les minutes passent et je ne comprends pas ce que je fais ici. Ce que je fais ne sert à rien !

A 10h30, les auxiliaires de vie prennent les enfants par la main et les conduisent à table pour manger un repas salé qui fait office de petit-déjeuner. Tous les moyens sont bons pour les aider à déguster le plat du jour. Alors, j’utilise la bonne vieille méthode de l’avion que j’ai déjà pu éprouver avec mes cousins : “une cuillère pour toi et une cuillère pour le pilote”.

 

Une fois le repas terminé, les enfants sont disposés en arc de cercle sur des chaises pour écouter les auxiliaires leur parler de la vie d’un saint ou leur présenter un passage de la bible. Ne parlant pas arabe j’arrive, malgré tout, à comprendre qu’il s’agit de l’histoire de l’adoption de Moïse par la femme du pharaon.

 

De retour à la maison après cette première mission à Zeitoun, je suis perplexe, quant à l’utilité et au sens de ma mission. J’ai l’impression de n’avoir été qu’un exécutant de tâche, qu’un opérateur au service de ces enfants. J’ai comme l’impression que les auxiliaires n’ont pas réellement besoin de nous.

Puis, à mesure que les semaines passent, je prends progressivement conscience de l’objectif de cette activité et plus largement de ma mission. Je ne vais pas donner des cours de français aux enfants handicapés de Zeitoun. Non, je suis ici parce que ces enfants ont besoin de personnes qui leur portent de l’attention et leur consacrent du temps.

 

Ils n’ont besoin de rien d’autre que de la simplicité de notre présence. Tout ce que je pourrai leur apporter d’autre est futile pour eux. Ils n’ont besoin que d’un ami à cet instant.

 

Ces enfants n’ont pas de filtre ! Ils nous disent avec le corps et le visage ce qu’ils pensent vraiment, ils sont si expressifs que les mots ne sont pas nécessaires pour communiquer avec eux. Ils nous montrent ce qu’ils veulent et ce dont ils ont besoin pour être heureux et en récompense, nous recevons des sourires et des câlins pleins d’amour et de simplicité.

 

Aujourd’hui, j’ai découvert le bonheur d’être au contact de ces enfants. Le handicap est une frontière compliquée à traverser mais lorsque nous parvenons à la franchir, nous comprenons que derrière ce mur se cache une simplicité, une joie naturelle, un reflet de l’amour du Christ.

Auguste, volontaire en Égypte.