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« Si tu veux pouvoir t’asseoir pour écrire, lève-toi d’abord pour vivre ».

Il y a deux ans, lors d’une conversation avec une amie sur l’association SOS chrétiens d’Orient, je lui avais fait part de mon souhait de ne jamais partir en mission humanitaire. Deux ans plus tard, c’est sur un coup de tête que je me suis dit : « et pourquoi pas SOS Chrétiens d’Orient ? » Est-ce logique ? Je ne sais pas, je ne l’ai jamais été.

 
A partir de ce jour-là je n’avais plus qu’une idée en tête, partir en mission dès la fin de mes partiels, soit un mois plus tard. Et j’ai relevé ce défi ; le 27 avril, après bien des péripéties, je m’envolais pour l’Arménie. Et le simple fait de rater mon vol prévu le mardi matin m’a fait réaliser que rien ne m’empêchait de prolonger une semaine de plus. Alors, ce n’était même pas parti que ma mission était déjà prolongée jusqu’au 21 juin.

 
Aujourd’hui, à l’approche de la fin de cette incroyable aventure de deux mois seulement, je me pose sans cesse cette question : Que vais-je pouvoir bien faire de ces richesses qui m’ont été données ? Partir avec SOS Chrétiens d’Orient, c’est choisir que sa vie ne sera plus jamais la même. Non pas parce que quelque chose nous en empêcherait, mais parce que notre mission doit continuer en France. Et par tant de moyens possibles… témoigner ce que nous avons vécu, en parler autour de nous, inciter nos proches à vivre l’aventure à leur tour, partager sur les réseaux sociaux dans le but de récolter des fonds… Je ne sais si je serai à la hauteur de cette charge mais j’ai envie de l’accomplir du mieux possible.

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SUR LE TERRAIN

Partir avec SOS Chrétiens d’Orient est un choix que je ne regretterai jamais. J’essaie encore de réaliser la chance que j’ai d’avoir vécu tant de beaux moments à 20 ans à peine. Alors certes, deux mois c’est court, trop court pour certains. Cependant en deux mois, j’ai eu l’occasion de voir trois lieux d’implantation différents de la mission en Arménie. Erevan, la capitale, où j’ai passé un mois et demi, Vardenis, près du lac Sevan, où nous nous sommes rendus 4 jours pour effectuer des donations de ruches et la visite d’une potentielle future usine à fromage, et Goris, où nous avons passé le week-end de Pentecôte à la suite duquel je suis restée 10 jours. Et de ces trois lieux me viennent tant de souvenirs que je ne saurai lequel vous conter en premier. Je commencerai donc par citer cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry dans Terre des hommes « Il n’est qu’un luxe véritable, et c’est celui des relations humaines »

SOS Chrétiens d’Orient, c’est avant tout une aventure humaine, qui évolue de jour en jour grâce aux projets que nous menons, mais aussi grâce aux visites que nous effectuons. Combien de fois sommes-nous arrivés chez des familles qui ne possédaient rien afin d’effectuer quelques donations, et 2h plus tard, nous étions assis à table, dégustant des rolovats accompagnés de compote, une délicieuse boisson à base de fruits !

C’est lors de ces repas, que j’ai pu découvrir ce qu’était la tradition arménienne des genatset (ce qui signifie santé en arménien). Un verre de vodka ou de cognac à la main, tout à tour, les Arméniens se lèvent, afin de nous remercier d’être là, de les aider et portent solennellement un toast à l’amitié franco-arménienne, tout en déclamant, les larmes aux yeux, de véritables déclarations fraternelles profondes. Et si nous ne comprenons rien, leur expression faciale suffit. Alors, à peine une bouchée de lavash avalée, l’un des nôtres, pour honorer cette tradition, se levait à son tour afin de porter un toast à ce pays qui s’est tant battu autrefois pour la sauvegarde de son indépendance. Et de genatset en genatset un lien se créait, une amitié intergénérationnelle avec ces personnes dont nous ne connaissions pas l’existence une semaine plus tôt et qui nous disaient déjà « vous êtes mes enfants ». Et les genatset s’enchaînaient et alors qu’ils continuaient de boire inlassablement, nous redoublions d’effort pour ne pas leur donner l’impression que leur vodka avait un goût de vinaigre (ce qui n’était malheureusement pas qu’une impression). Avec les semaines, notre jeu favori est devenu celui du pokerface, qui consistait à manger ou boire une spécialité arménienne sans laisser transparaître la moindre émotion de si nous aimions ou pas. Et puis, nous reprenions la route, sans savoir si nous reverrions ces familles un jour. 

Pour ma part, la séparation la plus douloureuse était souvent celle avec le bébé. Oui, ce petit bout de chou que j’avais tenu dans mes bras pendant toute la durée de notre visite. Le souvenir le plus marquant à ce sujet est le jour où nous sommes arrivés chez une famille afin d’effectuer une donation de vache mais que nous n’avons trouvé personne dans la maison mis à part un petit bébé de 1 ou 2 ans, assis sur le rebord de la fenêtre, qui semblait terrorisé. Alors, avec délicatesse je l’ai pris dans mes bras pour le rassurer et 20 minutes plus tard, nous étions assis sur le palier de la maison. Il me montrait un oiseau sur la branche tandis que j’imitais le meuglement de la vache que nous venions de donner à sa famille ; et son rire si communicatif me comblait de bonheur. Oui, les enfants ont cette innocence qui me charme tant elle est simple.

Finalement, j’ai eu beau ne passer que six semaines ici, je réalise que ce pays m’a beaucoup appris. Aussi bien de ce petit bébé dont je viens de vous parler que du vétéran de guerre qui avait vu mourir tous les siens. Lorsque je suis arrivée fin avril, l’Arménie était un pays dont je ne connaissais que trop rien. A vrai dire, je ne savais même pas où il se situait sur le globe. Aujourd’hui je réalise que son histoire aussi bien religieuse que politique mérite d’être connue et apprise. Mais, si les Arméniens possèdent un si fort sentiment patriotique, c’est en grande partie grâce à la formation qu’ils reçoivent dès le plus jeune âge. Et ainsi, je prends conscience que l’apprentissage est un domaine qu’on ne doit pas négliger. Il me vient alors à l’esprit une citation qui dit « Si tu veux voir l’avenir d’un pays, regarde sa jeunesse » La différence flagrante que je suis forcée de constater entre les jeunes en France et la jeunesse arménienne est leur simplicité tant elle a pu faire l’objet de mon admiration.

Non, ils n’ont pas besoin de téléphone ou autres appareils électroniques pour passer des heures au parc à s’amuser comme des fous. De simples bouts de cartons trouvés dans la rue et c’est parti pour des heures à jouer avec les petites voitures offertes en donation. Oh oui, je me souviens de cette famille. Un père dépassé par les événements depuis que sa femme l’avait abandonné lui et ses trois enfants en bas âge. Pourtant il n’a jamais cessé de travailler dur pour leur offrir le meilleur. Sa maison comme son jardin est très bien tenue et, comme dit le Père Nicolas Courtois qui est venu nous prêcher une retraite, « L’intérieur d’une maison reflète l’intérieur d’une âme ». Ainsi j’en déduis que ce père de famille est un battant qui continuera de lutter contre les difficultés pour que ses enfants ne manquent jamais de rien. De plus, je ne pourrai jamais oublier la donation de vélos effectuée chez eux. En effet quelle a été notre joie lorsque nous sommes repassés par leur village une heure après et que nous avons vu l’un des garçons allant faire une course pour son papa sur son nouveau vélo. Voir le bonheur sur son visage était pour nous la seule chose qui comptait. Un bonheur simple, et vrai…

Ce bonheur, je le retrouvais à chaque fois que nous nous rendions à Sharap chez notre apiculteur Gnel. Une maison perdue dans les montagnes arméniennes qui me procurait du bonheur tant cet endroit était synonyme de repos, bien que nous n’y venions pas pour faire la sieste. Oh il m’en fallait peu pour me sentir bien ici. Dès l’instant où nous posions le pied en dehors de la voiture, c’était le chien de Gnel qui se chargeait de nous accueillir joyeusement par ses aboiements avant de retourner se coucher à l’ombre des arbres. Puis, nous descendions en petit troupe vers les ruches pour discuter des donations que nous devions effectuer quelques jours plus tard. Mais nous étions vite interrompus par l’arrivée des cafés et des gatas, ces petits gâteaux au miel tout droit sortis du four dont nous ne pouvions plus nous passer. Certains pourraient nous dire que nous manquions d’efficacité, et moi je dirai plutôt que ces moments sont essentiels pour entretenir l’amitié franco-arménienne !

Jamais au grand jamais, je n’oublierai ces doux souvenirs qui m’ont fait grandir durant presque deux mois. Désormais, je veux transmettre tout ce que j’ai reçu durant cette mission. SOS Chrétiens d’Orient est une immense famille que je ne suis pas prête d’oublier tant elle porte de belles valeurs que je veux faire mienne. Savoir apprécier les bonheurs simples du quotidien, comme monter dans un camion de ruches et regarder les magnifiques paysages s’offrant à mes yeux, apprendre à donner de mon temps aux plus démunis, simplement en jouant avec eux dans un parc ou en organisant le jeu du « taureau » pendant une donation. Celui qui pense pouvoir tout apprendre seul se trompe, chacun a besoin d’un maître pour le guider. Dans la vie quotidienne ce sont nos parents, nos professeurs ou même encore nos amis proches.

Ici en Arménie, ça a été Myasnik, notre incroyable contact d’Ararat, vétéran et héro de guerre, qui ne cesse de travailler, d’offrir de son temps et de son énergie aux plus démunis, sans jamais rien attendre en retour. Ça a été aussi Alex, initialement notre chauffeur et interprète mais qui, endosse aussi par sa bienveillance et sa générosité le rôle d’ami et de grand frère. Et enfin, ça a été les enfants du parc avec qui j’ai joué, le bébé avec qui j’ai ri lors de la donation de vache, tous ces Arméniens que je n’aurais jamais rencontrés si je n’avais jamais pris la décision de quitter ma zone de confort en France pour vivre l’aventure de SOS Chrétiens d’Orient. Je remercie le Ciel d’avoir mis ces Arméniens sur ma route et je ne peux que vous inciter à partir, même si c’est inconnu, même si cela peut paraître effrayant, car comme a dit l’officier Hélie de Saint Marc « Si tu veux pouvoir t’asseoir pour écrire, lève-toi d’abord pour vivre ».

Marie-Loup, volontaire en Arménie

Votre responsable de pôle

Jeanne de Verdière

Responsable des volontaires

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