Une fois de plus, l’organe de presse d’extrême gauche Mediapart mène une campagne de harcèlement et de diffamation pour des raisons politiques. Que révèle cette attaque envers SOS Chrétiens d’Orient ?
On ne défend pas sans peine les chrétiens d’Orient en France en 2022, et ce depuis la création de l’association en 2013. Toute une sphère politique, dont une bonne partie peut être qualifiée d’islamogauchiste n’a jamais accepté notre présence, notre manière de faire, les témoignages que nous rapportons. Je rappelle que SOS Chrétiens d’Orient a été fondée sur une intuition après la chute de la ville chrétienne de Maaloula aux mains de l’équivalent d’Al Qaïda en Syrie. À cette époque, la France de François Hollande était tellement du côté de la rébellion syrienne qu’on envisageait l’envoi du porte-avions Charles de Gaulle pour l’appuyer. Or, Maaloula a été prise par des islamistes et il y a eu des martyrs. Les islamistes ont fait sortir des gens de chez eux en leur demandant s’ils étaient chrétiens et les ont exécutés. J’ai été auprès des familles de ces martyrs et j’en garde un souvenir particulièrement ému.
Et donc, notre présence dans les villages, au plus près de ceux qui subissent les exactions des islamistes, est intolérable aux yeux de beaucoup. En Syrie, nous avons été quasiment les seuls à rester sur le terrain et à collecter un ensemble de témoignages. Et ça, les islamogauchistes ne nous le pardonneront jamais. Parce que pour eux, les chrétiens de Syrie n’avaient qu’à partir, pour montrer une sorte de positionnement politique, et ceux qui sont restés sont coupables et méritent d’être enfoncés quoi qu’il arrive. Ce n’est donc pas étonnant de retrouver ce type de calomnies dans Mediapart. À chaque article sur SOS Chrétiens d’Orient, comme par magie, les sites de la rébellion islamiste en Syrie et les sites les plus radicaux en Turquie, traduisent l’article dans les 24 heures.
Mediapart vous accuse de complicité de « crimes de guerre », tout en soutenant activement des associations proches de la rébellion syriennes telles que Syria Charity.
Mediapart a une longue et étrange histoire avec les sphères islamistes. Rappelons les liens d’Edwy Plenel avec Tariq Ramadan, ses citations particulièrement limites à propos de la rébellion syrienne alors qu’on sait ce qu’elle a engendré. Mediapart ne traite pas ces informations de manière équitable. Ils nous accusent de complicité de « crimes de guerre », ce qui est délirant, mais dans ce cas, pourquoi n’accusent-ils pas aussi la Sécurité sociale alors même que l’on sait qu’une partie des djihadistes français partis en Syrie et ayant commis des atrocités sur place continuaient de percevoir leurs aides sociales. Pourquoi ne parlent-ils pas de la libération toute récente du djihadiste Omar Omsen? Pourquoi ne parlent-ils pas du fait que les attaques islamistes contre les villes de Sqelbiye et Mhardeh, sont dirigées depuis Idlib [dernière poche de la rébellion syrienne, Ndlr] ? Ces mêmes villes où nous avons apporté notre aide, ce pour quoi nous sommes aujourd’hui incriminés.
On voit bien que Mediapart essaye de « démontrer » quelque chose de très nauséabond. Pour eux, apporter des couvertures, des médicaments, de la nourriture et de l’aide de première nécessité à un village encerclé par les islamistes, c’est se rendre coupable de crimes de guerre. J’ai du mal à être convaincu qu’il serait scandaleux de secourir des villages encerclés et harcelés par des djihadistes, alors qu’il serait parfaitement normal d’œuvrer à Idlib où personne ne rentre sans le tampon d’une association islamiste ou de l’administration turque.
Comment se fait-il que Mediapart ait été informé avant vous de l’ouverture d’une instruction ?
Mediapart sape la confiance que l’on pourrait avoir dans les institutions démocratiques. Ils ont déjà prouvé que le secret de l’instruction n’existe pas en France. Dans son récent article, le média fournit des chiffres de police concernant des militants d’Éric Zemmour, et cette fois-ci donne des informations très étranges. Étranges parce que dans cet article, les journalistes s’enorgueillissent d’avoir déclenché une supposée enquête (dont je n’ai à l’heure où nous parlons aucune preuve). Ce comportement est au-delà de toute déontologie journalistique.
Ensuite, les auteurs de l’article affirment avoir été auditionnés dans le cadre de cette enquête en septembre 2021. Si l’on suit leurs propos, ils sont donc au courant de cette instruction depuis ce moment-là. Dans ce cas, pourquoi ne rendre l’information publique qu’en février 2022, à quelques semaines de l’élection présidentielle ? N’est-ce pas curieux ? Est-ce que leur devoir d’informer a disparu entre septembre et février, ou mènent-ils une campagne de diabolisation contre un ou plusieurs candidats à l’élection présidentielle ? Je pense que la réponse est dans la question. En réalité, Mediapart sait pertinemment que ces accusations sont grossières, loufoques et infondées : même lorsque l’on rentre dans son détail, personne ne peut croire une seule seconde que SOS Chrétiens d’Orient ait eu l’envie ou même les moyens de commettre de tels actes. Mais calomnier, salir, abîmer des militants de la cause des chrétiens d’Orient, ça leur plaît. Depuis l’affaire Dominique Baudis, Edwy Plenel n’a jamais changé de méthode.
Sur le fond de ces accusations, que répondez-vous ?
Ce que l’on nous reproche en réalité, c’est de ne pas avoir laissé crever ces gens des mains des islamistes. De manière évidente, SOS Chrétiens d’Orient est innocente de ce dont l’accuse Mediapart. D’ailleurs lorsqu’on lit leur article, on constate que les dates ne correspondent pas et que les faits reprochés sont flous. La seule complicité que SOS Chrétiens d’Orient ait eue à Mhardeh, c’est la complicité avec les veuves et les orphelins qui ployaient sous les tirs de mortier, et dont les frères, les fils et les maris étaient égorgés par des djihadistes européens. Et c’est une complicité dont je suis fier. SOS Chrétiens d’Orient n’a d’ailleurs pas changé d’un iota son aide à Mhardeh, depuis sa mise en cause. Nous n’avons jamais cessé d’être présents et de les aider.
Que reste-t-il de votre action auprès des chrétiens en Syrie ?
Une autre image de la France, et cette autre image est essentielle, parce qu’il ne faut pas que les chrétiens de Syrie aient l’impression que la France, c’est Edwy Plenel et les pigistes boursiers de milliardaires à la Soros qui écrivent pour Mediapart. Bien sûr, SOS Chrétiens d’Orient ne va pas bouleverser les grands équilibres internationaux. SOS Chrétiens d’Orient n’a pas la solution pour mettre un terme à la guerre civile syrienne. Nous savons que retranscrire la parole des chrétiens de Syrie, c’est subir depuis huit ans les attaques constantes d’une certaine nomenklatura médiatique. Mais je crois que cette mission est essentielle. Ce symbole, ce poids de la France dans l’imaginaire
collectif et dans la manière de ressentir des Syriens est essentiel. Vous n’imaginez pas à quel point ces villageois sont fiers que des jeunes Françaises et Françaises, qui ont entre 20 et 25 ans, viennent vivre au milieu d’eux, alors que juste avant les djihadistes européens essayaient d’abattre leurs enfants. C’est un soutien psychologique qui est énorme. Je pense que dans 30 ans, ce dont on se souviendra en Syrie, c’est des volontaires de SOS Chrétiens d’Orient qui étaient sur le terrain, et pas des pigistes de Mediapart qui essayaient d’abîmer ce qui est beau, ce qui est grand encore dans ce qui reste de notre peuple.
Propos recueillis par Aurore Leclerc