Visée par une enquête préliminaire du parquet national antiterroriste pour complicité de crimes de guerre, SOS Chrétiens d’Orient dément formellement les accusations lancées par le site d’investigation Mediapart. Le président de l’ONG, Charles de Meyer, dénonce une attaque politique et médiatique, en pleine campagne présidentielle.
Cinq jours après la parution de l’article de Mediapart, avez-vous été officiellement informé de l’enquête ouverte contre votre association ?
Comme depuis décembre 2020, date à laquelle cette enquête aurait été ouverte si j’en crois les informations données par l’Agence France Presse (AFP), aucun membre de notre association n’a été informé ou convoqué par les enquêteurs. Je les comprends d’ailleurs, car les accusations de Mediapart reposent tellement sur du vent qu’ils doivent avoir bien du mal à trouver des éléments pour nous incriminer de ces faits farfelus et imaginaires. Nous sommes sereins. S’il faut aller répondre aux enquêteurs, nous irons sans difficulté.
Mettez-vous en doute l’existence de cette enquête préliminaire ?
Autant j’ai un fort doute sur les affirmations de Mediapart, que nous considérons comme une source non fiable et politisée, autant j’ai tendance à croire l’AFP quand elle affirme avoir eu confirmation de cette enquête. Simplement je suis obligé de rester au conditionnel n’ayant pas été convoqué et ne connaissant pas le périmètre de cette enquête. Par contre, est-ce conforme à la déontologie professionnelle des journalistes de Mediapart d’avoir demandé au parquet d’être entendus pour lui livrer des éléments à charge contre nous ? Je ne le crois pas.
Le premier article de Mediapart, publié en septembre 2020, vous accuse d’être en contact avec deux chefs de milice chrétienne ayant commis des exactions dans des villages syriens. Quels sont vos contacts avec ces deux hommes ?
Ce sont deux figures bien connues des villages dans lesquels nous œuvrons, Mhardeh et Sqelbiye. Elles y sont incontournables. Pourquoi le sont-elles? Car, contrairement à ce qu’affirme Mediapart, ces hommes ne sont pas à la tête de milices mais des forces d’autodéfense de ces villages. Mhardeh et Sqelbiye jouxtent la poche d’Idlib, qui n’est autre que « le plus grand dépotoir à djihadistes au monde », selon un rapport de l’ONU. Tous les islamismes sont à Idlib et ils attaquent ces deux villages chrétiens depuis longtemps. Les deux chefs des forces de défense de ces villages bénéficient d’une forte popularité auprès des habitants car ils les protègent.
Votre association entretient- elle des contacts avec ces deux chefs ?
Nous connaissons ces deux hommes et nous l’assumons sans problème. Nous n’avons pas travaillé avec eux directement mais avec les municipalités pour la distribution d’aide humanitaire. Etaient-ils présents à ces distributions ? Est-ce que des villageois membres de ces forces d’autodéfense ont reçu des couvertures lors de ces distributions ? Je n’ai pas été vérifier.
Propos recueillis par Antoine Pasquier