Pèlerins français en Syrie :

« Notre visite apporte

un soutien moral aux habitants »

20 minutes

Admirer la mosquée des Omeyyades, le Krak des chevaliers et l’amphithéâtre de Bosra… La plupart des voyageurs ont abandonné ce projet depuis que les agences de voyage ont ôté la Syrie de leur catalogue de destinations, suivant les recommandations du ministère français des Affaires étrangères au début du conflit syrien, au printemps 2011.

 

Dans ce contexte, le voyage organisé par l’association SOS Chrétiens d’Orient suscite la curiosité. Au programme, une visite des « trésors de Syrie » de Damas à Tartus, en passant par Maaloula, pour la somme de 1.300 euros, 8 jours et 7 nuits en pension complète. Arrivés le 5 avril à Beyrouth, le groupe de 33 pèlerins – principalement des retraités français – sillonne actuellement la vallée des chrétiens. Leur accompagnateur Benjamin Blanchard, cofondateur de l’association, a répondu aux questions de 20 Minutes, avant le retour en France prévu dimanche.

SYRIE
Type d'intervention

Pourquoi avoir décidé d’organiser ce voyage en Syrie ?

 

Au cours des 15 derniers mois, je me suis rendu quatre fois en Syrie dans le cadre de missions humanitaires menées par mon association. A plusieurs reprises, les habitants que j’ai rencontré m’ont demandé d’organiser un voyage pour partager leur patrimoine culturel avec les étrangers.

 

Les pèlerins que j’accompagne découvrent ou redécouvrent avec émotion les trésors syriens qui n’ont pas été détruits ou du moins n’ont pas été trop endommagés, comme le Krak des chevaliers. Il est très important de soutenir l’économie locale, en faisant fonctionner les hôtels et les restaurants, souvent vides en dehors de Damas. Notre visite apporte un peu de soutien moral aux habitants qui sont contents de voir des étrangers. A Mashta Alhelou, pour l’office du Jeudi Saint, l’église était pleine à craquer.

 

Comment avez-vous pris en compte les contraintes liées à la sécurité ?

 

Nous prenons en compte les dangers réels et nous avons notamment supprimé une étape prévue à Soueïda, dans le Sud du pays, à cause d’affrontements à Bosra. Concernant les consignes de sécurité, elles ne diffèrent pas de celles que nous observons lors de nos missions humanitaires: pas de photo des installations militaires, on range ses appareils et téléphones à chaque barrage. Tous les matins, notre bus est fouillé par le chauffeur. A ma demande, une voiture de police syrienne nous escorte, surtout pour rassurer le groupe.

 

Le danger est surtout présent à Damas. Nous sommes actuellement dans la vallée des chrétiens, une région qui n’a jamais connu la guerre, où l’atmosphère peut d’ailleurs sembler surréaliste au vu des affrontements qui ont lieu ailleurs dans le pays.

 

Ne craignez-vous pas d’être instrumentalisé par le régime de Bachar al-Assad ?

 

Notre objectif est apolitique et l’action de SOS Chrétiens d’Orient est avant tout d’apporter un soutien à la population. Si le gouvernement syrien tente de récupérer notre initiative, nous n’y pouvons pas grand-chose et c’est courant dans d’autres pays, notamment en Irak, où nous menons aussi des projets humanitaires.

 

Au départ, le ministère du tourisme syrien était réticent à l’organisation de ce voyage. A notre arrivée à Damas, nous avons eu un entretien avec le ministre adjoint des Affaires étrangères, mais une fois cette visite de courtoisie terminée, nous avons pu poursuivre notre itinéraire en toute indépendance. Nous avons passé plus de temps avec des dignitaires religieux, dont le patriarche gréco melkite catholique Grégoire III et le grand mufti de Syrie, Ahmad Badreddine Hassoun, chef spirituel de l’Islam sunnite qui rassemble 80% de la population syrienne.

Un article de Laure Cometti

Votre responsable de pôle

Pauline Visomblain

Responsable des relations presse