Appels à la haine, au meurtre des juges, manifestations de musulmans extrémistes en colère, routes bloquées et écoles fermées… Jusqu’où va aller la colère des musulmans extrémistes ?
La condition des minorités religieuses en général, et des chrétiens en particulier, est complexe au Pakistan. Et si nous attendions depuis tant d’années l’acquittement d’Asia Bibi, figure emblématique des lois sur le blasphèmes, nous savions que cette décision serait accompagnée d’une vive recrudescence de la persécution. Khadim Hussain Rizvi, chef du parti politique TLP, avait promis de paralyser le pays en cas d’acquittement. Alors, depuis l’annonce du verdict, le pays est plongé dans l’horreur.
Un de nos correspondants sur place, que nous ne nommerons pas pour sa sécurité, nous explique qu’une pétition est lancée pour une révision du verdict. Les opposants demandent à ce qu’Asia Bibi reste au Pakistan. Il nous raconte les menaces qui pèsent sur sa communauté.
« Les extrémistes ne se calment pas, ils n’acceptent pas cette décision. Les chrétiens sont continuellement dans la crainte, particulièrement au sujet du culte de dimanche. »
Un autre de nos correspondants raconte que les chrétiens ont pour consigne de rester chez eux jusqu’à dimanche.
« Tous les membres de ma famille sont à la maison. Impossible de sortir. Il en est de même pour mes neveux et nièces. Les écoles sont fermées. Nous n’avons pas été touchés. Mais on nous a demandé de rester à la maison. »
Le Pakistan, c’est 204 millions de musulmans et 3 millions de chrétiens. Cette minorité est discriminée, harcelée et persécutée au quotidien. Mais bien que leur sort était déjà tragique, ils font face ces jours-ci à une persécution encore plus vive. Les médias pakistanais n’en parlent pas, mais les réseaux sociaux nous révèlent leur situation actuelle. Khadim Hussain Rizvi, chef du parti dont les manifestants sont dans les rues, a appelé au lynchage des chrétiens.