L’Artsakh va disparaître.

Ce 21 septembre 2023, le monde célèbre la journée internationale de la Paix. L’Assemblée générale des Nations Unies a institué cette journée pour renforcer des idéaux de paix, en observant 24 heures de non-violence et de cessez-le-feu. Mais ça, c’est sur le papier car dans le Caucase, ce qui devrait être un jour de joie est pour nous un jour de deuil. Dans l’indifférence la plus totale, un pays est en train d’être rayé de la carte.
 
La vie de 120 000 Arméniens, femmes, personnes âgées et enfants enfermés dans des bunkers, réfugiés dans des églises ou des hôpitaux est en suspens.
On dit qu’il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Aujourd’hui, le monde est aveugle alors qu’une épuration ethnique est en cours en Artsakh, ce territoire historiquement arménien, revendiqué par l’Azerbaïdjan. L’Azerbaïdjan affirme que ces terres sont les siennes mais ce pays n’existait pas il y a 100 ans, alors comment expliquer la construction des monastères millénaires aux écritures arméniennes que les forces azerbaïdjanaises détruisent méticuleusement afin d’effacer toute trace de l’histoire et l’identité des Arméniens.
 
Nous assistons en ce moment à de véritables jeux du cirque. Ils meurent, nous rions et applaudissons, signant des contrats énergétiques avec leurs bourreaux.
 
Mardi 19 septembre 2023, les montagnes d’Artsakh résonnent du bruit des bombes et des missiles envoyés sur la ville de Stepanakert. « À 13h10 le 19 septembre, une fois de plus, la guerre a débuté. Il est difficile de trouver les mots pour décrire notre situation et nos émotions. Nous sommes en vie, mais nous avons perdu certains des nôtres. L’incertitude est accablante. Nous nous sentons abandonnés et livrés au destin. »
 
Alors que vous lisez ces lignes, les tirs fusent toujours au dessus de Stepanakert. Une odeur de souffre a pris possession des rues. Elle pique la gorge, hante les esprits comme la mort. Les familles, évacuées des villages bombardées, s’agglutinent à l’aéroport de Stepanakert ou dans les rues de la capitale de l’Artsakh. D’autres sont jetées sur les routes dans des files continues de bagnards envoyés à l’échafaud.
Un enfant court vers son père, le prend dans ses bras … il ne l’avait pas vu depuis le début de l’invasion azerbaïdjanaise. L’angoisse envahit les cœurs et les esprits. Les familles ont été séparées et n’ont aucun moyen de se contacter. Le réseau internet est faible et l’électricité est coupé.
 
« Les gens se cherchent désespérément, appelant le bureau des droits de l’homme pour obtenir au moins quelques nouvelles de leurs proches. »
 
Il fait nuit désormais. « Après neuf mois à endurer la faim, nous sommes maintenant dans un abri anti-bombe — dormant avec des enfants qui rêvaient hier de pain et rêvent aujourd’hui de se réveiller demain. Je ne sais pas si nous nous réveillerons, mais j’espère que vous vous souviendrez de nous pour avoir résisté à ce génocide avec honneur. » (@SiranushSargsy, journaliste freelance)
 
Puis mercredi 20 septembre, la nouvelle tombe. « Grâce à la médiation du commandement du contingent russe de maintien de la paix stationné au Haut-Karabakh, un accord aurait été conclu sur la cessation complète des hostilités à partir de 13h00 ce 20 septembre 2023. » Loin d’être une bonne nouvelle, elle est un prémisse à la disparition totale de l’Artsakh. Des pourparlers s’engagent entre l’Azerbaïdjan et l’Artsakh dont l’ultime objectif est d’obtenir la reddition totale de l’Artsakh, qui deviendrait territoire azerbaïdjanais. A ce jour, les négociations n’ont rien données. Une deuxième session est prévue. Mais si l’Azerbaïdjan parvient à ses fins, en plus d’amputer l’Arménie d’un de ses territoires historiques, elle aura réussi à nettoyer ethniquement un pays.
 
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. Et si comme saint Thomas, vous devez voir pour croire, et bien ouvrez les yeux…vous croirez !
SOS Chrétiens d’Orient appelle à l’intervention immédiate des puissances internationales pour arrêter cette invasion meurtrière.
Il y a encore quelques jours, SOS Chrétiens d’Orient recevait Son Eminence Révérendissime le Cardinal Burke. Voici les mots qu’il a tenu à adresser au peuple arménien : « Disons haut et fort ce que Notre Seigneur inspire dans nos cœurs au nom de nos frères et sœurs arméniens, afin que tous puissent l’entendre. Élevons sans cesse vers Notre Seigneur des prières ferventes pour le peuple arménien. Nous aussi, venons à leurs côtés. Apportons-leur nourriture et boissons. »
 
SOS Chrétiens d’Orient exhorte à vous joindre à ses prières et appelle à l’intervention immédiate des puissances internationales pour stopper l’épuration ethnique des 120 000 Arméniens d’Artsakh.
 
🙏Que le Seigneur protège toutes les victimes de ces conflits et apaisent les cœurs des égarés qui répandent l’horreur et la discorde.