Carnet de bord – Un SOS pour les Ukrainiens

JOUR 1 - Un orphelinat moldave accueille des enfants réfugiés ukrainiens

Mercredi 9 Mars , l‘équipe de SOS Chrétiens d’Orient de la mission d‘urgence en Moldavie s‘est rendue dans un orphelinat à Carpineni à l‘ouest du pays pour y évaluer les besoins des réfugiés ukrainiens.


Depuis le début de la guerre en Ukraine, le territoire Moldave connait une arrivée massive et sans précédent de réfugiés, dont beaucoup d‘enfants. Leur placement dans les bâtiments de l‘orphelinat s‘est donc organisée dans l‘urgence.


« Nous sommes accueillis par le responsable de l‘établissement qui nous fait un bilan de la situation : 40 enfants étaient pris en charge hier, aujourd‘hui ils sont 60. Ils ont entre trois et douze ans, tous séparés de leurs parents sans que l’on puisse souvent en savoir la cause. Avec le personnel encadrant la vie s‘organise avec 93 personnes. A ce rythme ils atteindront très rapidement leur capacité d’accueil fixée à 120.


Nous visitons les locaux, rencontrons les enfants, leurs éducateurs et nous prenons tous conscience que personne n‘avait anticipé cette situation. Les lits manquent, les enfants doivent se partager les matelas…


Certains ont fui avec leurs animaux de compagnie et refusent de se séparer d‘eux. Symboles de toute une enfance innocente , personne n‘a le coeur de les leur enlever. Chiens et chats dorment donc avec les enfants dans les chambres.« 

JOUR 2 - Notre équipe d’urgence en Moldavie passe la frontière de l’Ukraine !

Aujourd’hui, nous traversons la frontière entre la Moldavie et l’Ukraine, direction Odesse, pour notre première mission de reconnaissance en territoire de conflits. Nous souhaitons évaluer les besoins des déplacés ukrainiens et l’urgence de la situation.


Au vu du contexte de ce mois de Mars 2022, le passage frontière ne s’envisage pas comme un banal déplacement mais nous sommes rodés à l’exercice. Nous expliquons la raison de notre venue et montrons le contenu de nos bagages. Tout comme nous, une dizaine de familles réfugiées en Moldavie fait le chemin à pieds vers l’Ukraine.


En sens inverse, nous croisons un flot ininterrompu de familles ukrainiennes mordues par le froid, attendant la validation de leur entrée en Moldavie.
Les douaniers semblent faire leur maximum pour permettre un passage le plus rapide possible à celles et ceux qui fuient l’Ukraine, mais ils ne négligent pas pour autant de contrôler les identités de chacun.


Nous ne voyons que des femmes et des enfants ; les hommes ne peuvent pas quitter le pays.


Il neige de plus en plus fort, je ne sais pas si c’est le froid ou l’atmosphère qui règne ici qui me glace le plus.


Quand nos passeports sont enfin tamponnés, notre chauffeur nous propose de prendre une boisson chaude dans une des tentes installées aux abord de la frontière. Y entrer, c’est voir de ses propres yeux cette tristesse désolante dont chacun est témoin par écran interposé depuis le début des combats. Des dizaines de familles s’amassent autour de ce qui leur est proposé à manger et à boire.


La faim, la fatigue les accablent, semble-t-il autant que le désarroi d’avoir quitté tout ce qu’ils avaient : cette vie ordinaire d’avant la guerre, que tous espèrent retrouver au plus vite … mais rien ne permet aujourd’hui de penser que ce sera à brève échéance.


Ce qui est sûr, c’est que pour nous, les choses sérieuses commencent !

JOUR 3 - Notre équipe d’urgence en Moldavie passe la frontière de l’Ukraine !

L’équipe de la mission d’urgence en Moldavie intensifie son action humanitaire pour les réfugiés victimes de la guerre.


Après plusieurs rencontres avec différents acteurs locaux pour organiser l’aide aux familles ayant fui l’Ukraine, notre trio a organisé la première donation de produits de première nécessité avec Moldova for Peace, le collectif qui centralise les dons pour les distribuer de manière organisée et prévenir les risques de détournements abusifs.


Vos dons ont déjà permis d’offrir 238 boites de lait en poudre, une nécessité absolue pour les jeunes mères qui arrivent ici en grand nombre avec des nourrissons.


Votre soutien nous permet aussi d’équiper en électroménager des familles réfugiées dans le centre d’athlétisme de Chisinau.


Les femmes, enfants et personnes âgées y sont installées sur des lits de camp, dans une grande précarité avec tous les risques sanitaires liés à l’hygiène et la promiscuité.
Un lave-linge, un sèche-linge , un aspirateur-nettoyeur … permet d’assurer ce minimum d’hygiène, indispensable autant à la dignité des personnes qu’à la réduction des risques d’infections de toute sorte.


Entre nous et les personnes réfugiées, il y a la barrière de la langue. Nous ne pouvons pas saisir toutes les nuances de leur histoire. Mais dans les yeux, nous lisons la même souffrance de l’insécurité, la douleur d’avoir peut-être tout perdu, l’inquiétude de la survie au quotidien, le désespoir de l’avenir des enfants, la peur panique pour ce fils, père, frère, époux, fiancé ,… resté sur le territoire ukrainien, qui sera peut-être appelé à combattre un jour prochain.


Alors comme la détresse est au-delà des mots, nous prenons les enfants dans nos bras pour les consoler, faisons les clowns pour soutirer un petit sourire, réconfortons la maman et leur assurons que des millions de gens à travers le monde sont soucieux de leur sort, qu’ils ne sont et ne seront pas abandonnés… que la charité sera plus forte que la guerre.