Urgence, urgence sanitaire, urgence humanitaire, urgence économique, urgence sociale, le Liban est plus que jamais plongé en état d’urgence. Le taux de chômage dépasse les 60 %, les familles vivant sous le seuil de pauvreté atteignent 45 % de la population, la valeur de la livre libanaise a chuté de 350 %. Le Liban est en proie à de multiples crises, incapable de conjurer tous ces maux qui se surajoutent les uns aux autres. L’imprévisible épidémie, relativement contenue au Liban, ne fait que renforcer la crise économique déjà en cours. Elle appauvrit les familles déjà pauvres, isole les vieillards déjà esseulés, affaiblie les malades. Les Libanais, usés depuis plus d’un an par une crise qui traîne en longueur, sont maintenant bel et bien ruinés. Se soigner est devenu un luxe auquel on renonce pour le plus essentiel : se nourrir.
La misère que nous côtoyons s’accroît chaque jour. Elle s’accompagne d’une amertume grandissante, malgré l’ineffable joie de vivre de ses habitants. De ce peuple multiséculaire, entreprenant, fier navigateur et fondateur d’innombrables citées autour de la Méditerranée, il ne reste que peu, tant l’histoire l’a ébranlé. Nombre de nos amis libanais nous racontent les guerres récentes qu’a traversé le Liban, mais jamais, jamais ils n’ont vécu pire que cette pandémie.