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Syrie : 100 jours, et après ?

100 jours après la chute du gouvernement de Bachar el-Assad, la Syrie est au point mort. Les sanctions internationales frappent encore le peuple syrien, l’insécurité règne, les fonctionnaires ne sont pas payés ; à Damas et à Homs, il n’y a que deux heures d’électricité par jour.

Au lendemain de la révolution syrienne, certains s’y voyaient déjà… Les entreprises turques de travaux publics n’attendaient que de commencer la reconstruction, les investisseurs arabes louchaient déjà sur les marchés à venir, les ministres occidentaux se précipitaient à Damas saluer le nouveau maître de la Syrie. Cent jours plus tard, la situation est pour le moins contrastée.

Depuis trois mois, les réelles décisions de l’ancien jihadiste Ahmed Al-Charaa se comptent sur les doigts d’une main : sa propre nomination comme « président de transition » pour une durée inconnue, le gel de la Constitution, la dissolution du Parlement, celle du parti Baas – le parti de Bachar el-Assad, déjà mis en sommeil – et enfin, la fusion des groupes et milices jihadistes – certains ont refusé – au sein d’une seule armée nationale. On a connu des révolutions plus flamboyantes !

Il est vrai que le nouveau gouvernement syrien ne contrôle pas tout le pays. Loin s’en faut ! Des groupes de partisans de l’ancien gouvernement résistent toujours et attaquent même des convois de la nouvelle armée syrienne, notamment sur la côte, tandis que les Kurdes ou encore les Druzes ne veulent pas se soumettre au pouvoir de Damas.

Devant les caméras, Al-Charaa discourt facilement sur le futur inclusif de la Syrie, l’importance des minorités religieuses ou le rôle des femmes. Mais, ces annonces sont loin de se concrétiser. Les travaux de la Conférence nationale syrienne, prévue pour préparer les futures institutions sont sans cesse repoussés, pendant qu’à  Homs, la troisième ville du pays, brimades, agressions, enlèvements et assassinats se multiplient, notamment d’alaouites. « Je ne sors pas de chez moi. Il y a des enlèvements en plein jour » nous a confirmé une alalouite de la ville. Ces exactions sont bien peu réprimées – si ce n’est pas du tout – par les nouvelles autorités.

L’avenir sombre des chrétiens de Syrie

Pour beaucoup de chrétiens, enfin, l’avenir risque d’être synonyme d’émigration. C’était déjà le cas pendant la guerre et après la « guerre chaude », en 2020. C’est plus que jamais le cas aujourd’hui. Aux difficultés économiques – 90% des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté – s’ajoutent les menaces sur la liberté de culte.

Si celle-ci est officiellement garantie en Syrie – et l’est, pour le moment, pratiquement – les déclarations et comportements des nouvelles autorités sont très inquiétants. Désormais la Justice est rendue au nom de Dieu ; dans la fonction publique, les femmes musulmanes sont incitées à porter le voile ; des mosquées sont construites dans les campus universitaires où des prêcheurs y ont micro ouvert et lorsqu’ils contrôlent, les policiers interrogent sur la religion. Impensable en Syrie, il y a encore trois mois !  Notons aussi qu’Al-Charaa n’a pas encore pris le temps de rencontrer les patriarches en siège à Damas. Tout un symbole. Pour les Chrétiens de Syrie, l’avenir est donc sombre.

« Nos droits ne peuvent pas se résumer à la liberté d’assister à la messe ou à une reconnaissance culturelle superficielle », nous confie un Syrien. « Nous ne demandons pas seulement de pouvoir célébrer Noël. Nous demandons à être reconnus comme des citoyens à part entière. Nous revendiquons notre droit à aider à reconstruire notre pays, à façonner son avenir politique et social ». A ce jour, on en est encore loin.

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Votre responsablede pôle

Astride Baudry

attachée de presse