Plus de 120 participants, des intervenants de qualité, des réflexions de haute volée… Incontestablement, l’édition 2025 du colloque de l’Orient chrétien a tenu toutes ses promesses.
Dès son introduction, Charles de Meyer, président de SOS Chrétiens d’Orient, a rappelé l’importance du défi que représente, pour les Occidentaux, la présence des chrétiens sur les terres qui ont vu naitre le christianisme.
Annick Asso, universitaire, spécialiste du génocide arménien, a rappelé à travers l’exemple de la diaspora arménienne née au lendemain du génocide, qu’il était possible qu’un peuple soit contraint de quitter sa terre. L’histoire le montre. Evoquant la persécution, l’exode, puis l’exil des Arméniens, elle a ensuite montré comment s’était créée une diaspora arménienne, largement plus nombreuse et puissante que les Arméniens de l’actuelle république d’Arménie.
Régis Le Sommier, grand reporter, ancien directeur adjoint de Paris Match, rédacteur en chef d’Omerta, a ensuite évoqué la question des chrétiens d’Irak, de moins en moins nombreux depuis l’invasion américaine de 2003.
Il a été ensuite rejoint par Mériadec Raffray, rédacteur en chef des pages Monde de Valeurs Actuelles et par Frédéric Pons, ancien reporter, fin connaisseur de l’Orient, pour une table ronde dont le but était de répondre à cette question inquiétante : « peut-on imaginer un Orient sans chrétien ? ». Malheureusement, la division des églises, la faiblesse démographique des communautés chrétiennes et le chaos politique et géopolitique qui règne dans ses régions, obligent à un constat pessimiste. Oui, à vue humaine, l’avenir des chrétiens en Orient est largement menacé. Des signaux positifs sont cependant perceptibles : le retour des relations diplomatiques et économiques des pays occidentaux en Syrie, les tentatives de réformes au Liban…
Alain Guépratte, diplomate, ancien consul général de France à Erbil, est revenu sur les forces, faiblesses et intérêts de la diplomatie culturelle des chrétiens. Parmi les forces, on note l’ancienneté des chrétientés orientales et la force des institutions chrétiennes. Parmi les faiblesses, évidemment, le statut politique d’infériorité qui est imposé par les autorités politiques dans des pays à l’immense majorité musulmane.
Depuis Erbil, où il est désormais installé, Dilan Adamat, fondateur de l’association Le Retour, a ensuite témoigné de son parcours original. Né en Irak, arrivé en France à l’âge d’un an, Dilan Adamat a fait le choix de revenir dans son pays d’origine, après de brillantes études de droit. Il est désormais enseignant dans le Kurdistan irakien et a créé une association facilitant le retour des exilés chrétiens dans leur pays d’origine. « Nous ne devons pas nous considérer comme une espèce en voie d’extinction mais comme une véritable composante de la société » a-t-il expliqué.
Enfin, l’abbé Matthieu Raffray, théologien, prêtre de l’Institut du Bon Pasteur, est revenu sur la notion de martyr, non pas comme une performance mais comme une grâce. Non pas comme le résultat d’une volonté de faire, mais comme le fruit d’un amour spirituel. Alors, pour les chrétiens d’Orient, rester ou fuir, quel est l’idéal du martyr ? Ce n’est pas celui de mourir mais de témoigner, car le martyr commence dans celui qui choisit la fidélité.
« Connaitre les chrétientés orientales, faire connaître les défis qu’elles rencontrent est au cœur des missions de SOS Chrétiens d’Orient, au même titre que l’envoi de volontaires dans nos missions d’Orient ou que la mise en place de projets » rappelle Benjamin Blanchard, directeur général de l’association. « Ce colloque de haut niveau, le deuxième que nous organisons, a donc permis à un public attentif de mieux comprendre ce qui se joue actuellement et de garder espoir tout en étant bien conscients du danger réel qui pèse sur le futur des chrétiens orientaux en Orient » se réjouit-il. « Nous entendons donc bien poursuivre notre travail en ce sens ».