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Journée sanglante au Liban

Le Sud-Liban est actuellement le théâtre d’une escalade militaire qui plonge des milliers de familles innocentes dans une situation d’angoisse et de détresse.

Depuis le début de l’année 2024, les tensions entre Israël et le Hezbollah ont connu une recrudescence dramatique, entraînant une intensification des frappes israéliennes, notamment sur les zones résidentielles proches de la frontière.

Mais pas seulement ! Le 17 septembre 2024, une série d’explosions a secoué des quartiers de Beyrouth, causée par des appareils piégés, tels que des pagers et des talkies-walkies, qui ont été utilisés pour cibler les membres du Hezbollah. Cette attaque, attribuée à Israël, a tué 37 personnes et en a blessé des milliers, notamment dans les environs de l’Université américaine de Beyrouth, où les ambulances affluaient pour évacuer les blessés, perturbant gravement les infrastructures médicales déjà fragilisées.

Cette escalade a été suivie, le 20 septembre, par une frappe aérienne israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, qui a tué un haut responsable du Hezbollah, Ibrahim Aqil. Cette attaque a fait 31 morts et des dizaines de disparus, piégés sous les décombres des immeubles bombardés.

Les autorités israéliennes justifient ces frappes comme des mesures préventives, affirmant que le Hezbollah planifiait une attaque similaire à celle menée par le Hamas en octobre 2023.

Les tensions actuelles ont été alimentées par une série d’événements, notamment les frappes iraniennes sur Israël durant l’été 2024. Le 13 avril, l’Iran, via son Corps des Gardiens de la Révolution islamique (IRGC), a coordonné une offensive avec ses alliés régionaux, dont le Hezbollah, en lançant des missiles et des drones sur Israël et le plateau du Golan. Cette offensive était une réponse aux attaques israéliennes en Syrie et au meurtre de plusieurs commandants iraniens et de leurs alliés.

Beaucoup plus inquiétant, alors que l’offensive sur la bande de Gaza semble entrer dans une phase de stabilisation, une partie des troupes israéliennes s’est redéployée au Nord du pays à la frontière avec le Liban, laissant craindre une intervention terrestre comme en 2006.

Et à l’aube du 23 septembre 2024, tout s’est accéléré ! Les forces aériennes israéliennes lancent l’opération « Northern Arrows ». Ciblant « les terroristes du Hebzollah », Israël fait pleuvoir sur le sud Liban et la vallée de la Bekaa une salve de roquettes et de bombes sur « les bastions du mouvement pro-iranien qui bombarde régulièrement son territoire en soutien à son allié gazaoui », après avoir recommandé aux Libanais de « s’éloigner des zones dangereuses ». Trois raids ciblent Baalbeck, Douris et Bazalia. Les frappes israéliennes touchent également les localités de Nabi Chit et Bodaï. Au total, les forces israéliennes ont frappé 1600 cibles au Liban, possiblement liées au Hezbollah et à ses stocks d’armes.

Mais le bilan provisoire des victimes est sans appel : 500 Libanais sont morts en une seule journée et des milliers ont été blessés, soit presque autant de morts en une journée qu’en un an d’échanges de tirs entre les deux parties en marge de la guerre à Gaza. En un jour, la guerre de basse intensité des onze derniers mois s’est transformée en une confrontation de haute intensité.

Des familles entières seraient sous les décombres actuellement. « Les Israéliens ont commencé à bombarder notre village à l’aube. Il y avait encore des corps sous les décombres quand on est partis, même des corps d’enfants. On a eu tellement peur », raconte Jawad, un Libanais du village de Bourj Al-Chemali.

Les infrastructures médicales, déjà fragilisées par la crise économique et les séquelles de l’explosion du port de Beyrouth, ne peuvent faire face à cette vague de blessés. « A l’Hôpital américain, dans l’est de Beyrouth, je ne peux pas avancer entre les brancards, où des blessés se vident de leur sang pendant que d’autres sortent intubés de la salle d’opération ; on se bouscule entre les corps emmaillotés comme des momies, les yeux couverts de gaze. Les familles se sont installées par terre, et les tissus des abayas entremêlées drapent d’un linceul sombre le couloir des urgences. »

« C’est une catastrophe, un massacre », affirme à l’AFP Jamal Badrane, un médecin de l’hôpital du Secours populaire à Nabatiyé, une ville du sud. « Les frappes n’arrêtent pas, ils nous ont bombardés alors qu’on retirait des blessés », dit-il.

Des milliers d’autres familles sont sur les routes. Les échanges de tir de chaque côté ont déjà causé le déplacement de 100 000 civils côté libanais et de 60 000 israéliens.

En représailles, dans la nuit du 23 septembre, une dizaine de roquettes tirés par le Hezbollah depuis le Liban s’abattent, entre autre, dans la région israélienne d’Haamakim. Elles auraient visé « les principaux entrepôts » de l’armée dans la zone, et une caserne militaire. A nouveau, ce mardi 24 septembre, une cinquantaine de roquettes a été tirée depuis le Liban en direction de plusieurs villes de Galilée et près d’Haïfa. La plupart des roquettes auraient été interceptées par le système de défense aérienne israélien.

Le quotidien des familles libanaises est marqué par un sentiment d’abandon et de désespoir. Alors que certains clament qu’ils reviendront chez eux, d’autres se demandent s’ils pourront jamais retrouver leurs habitations, pour certaines lourdement endommagées. Le pays tout entier semble pris dans une spirale de violence, où les civils sont les principales victimes. Malgré les appels des ONG et des sommités religieuses à un cessez-le-feu et à une aide humanitaire urgente, la situation reste extrêmement volatile.

Ces événements soulignent l’urgence d’une désescalade et la nécessité de protéger les civils.

Les équipes de SOS Chrétiens d’Orient sont pleinement mobilisées depuis 1 an pour suivre l’évolution de cette crise et sont actuellement à l’œuvre pour évaluer les besoins des déplacés. 70 colis alimentaires ont déjà été distribués en urgence aux familles d’Almaa el Chaab et 100 autres devraient l’être bientôt à celles de Rachaya el Fekhar.